L’Afrique abrite sur son sol 60% des terres arables du monde. Cependant, la plupart de celles-ci sont soumises à un stress hydrique élevé ne permettant pas une exploitation stable et durable, entraînant une constante augmentation des importations alimentaires pour répondre aux besoins démographiques du continent. À ce premier défi s’ajoute également les effets du changement climatiques ainsi que la diminution et la dégradation des ressources naturelles de l’Afrique. Ainsi, pour assurer des solutions pérennes, de nouvelles idées émergent en matière d’agriculture et d’agribusiness, notamment portées par les start-up.
Favoriser une nouvelle approche du développement basée sur l’agriculture
En Afrique, la croissance économique reste largement dépendante des ressources naturelles et de leurs exportations. Ces produits, tels que le pétrole et les minerais, sont le plus souvent exportés non transformés, via des contrats mal négociés et peu profitables à la population africaine. De ce fait, les exportations à elles-seules ne permettent pas d’assurer une situation économique stable sur le continent, le secteur agricole ne générant qu’entre 30 et 40% du PIB africain. Les pays africains essayent, par conséquent, de se diversifier, notamment pour répondre à sa forte croissance démographique : l’agriculture se présente alors comme un pilier essentiel de développement.
Le secteur agricole a toujours été un enjeu de développement pour le continent africain : il s’agit de celui qui emploie toujours la majorité des Africains aujourd’hui : entre 65 et 70% de la main d’œuvre selon la Banque africaine de développement (BAD). Cependant, la plupart des produits alimentaires consommés par les populations sont importés, alors que l’Afrique cultive ses propres aliments comme le mil, le fonio ou encore le niébé. Inciter à une production et une consommation locale serait ainsi un point de départ primordial pour une agriculture exhaustive et durable sur le continent. Miser sur une nouvelle approche du développement, qui serait basée sur l’agriculture, permettrait également « l’accroissement de la valeur ajoutée de l’agribusiness et de l’emploi » et ce, « tout au long de l’ensemble de la chaîne de valeur de l’agribusiness » qui inclut « l’agriculture elle-même ainsi que l’industrie et les services qui en dépendent ».
Le futur de l’agribusiness : nouvelles technologies et nouveaux métiers
L’agriculture en Afrique est soumise à de nombreux défis environnementaux et climatiques ou encore à des capacités de distribution ou de stockage limitées voire très limitées. Pour pallier ces difficultés, de nouvelles initiatives voient le jour, développées par de jeunes start-up innovantes. De la micro-irrigation, en passant par des drones pour pulvériser les intrants, ou encore des applications numériques de commercialisation des denrées, jusqu’à la maintenance d’outillage, ces nouveaux outils visent tous à permettre une meilleure récolte et donc, une meilleure production agricole.
Un des défis majeurs auquel l’agriculture doit également faire face réside dans son attractivité auprès de la jeune population : le secteur peine à séduire la jeunesse africaine qui se détourne de ce dernier au profit des emplois dans les villes ou encore, hors du continent africain. Pourtant, l’agriculture s’avère être un outil de lutte contre le chômage des jeunes : en favorisant « l’émergence d’écosystèmes d’innovations sociales et technologiques qui englobent les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’agro-business », la jeunesse pourraient déployer tout son potentiel dans ce secteur. Privilégier des systèmes agricoles et alimentaires plus durables, mais aussi plus inclusifs, permettrait ainsi la création d’emploi pour les jeunes africains.
« Réinventer l’agriculture en Afrique » : Neofarming Africa
« Comment créer un nouveau modèle agricole et agro-alimentaire pour l’Afrique […], qui soit adapté au contexte du réchauffement climatique, qui puisse être compatible avec l’urbanisation de la planète et qui permette de nourrir les populations dans les meilleures conditions ? ». Voici comment se présente le projet « Neofarming Africa », développé à l’initiative du « Groupe Zebra », une société française spécialisée dans le domaine de l’innovation. L’initiative trouve son origine à partir des constats africains suivants : « une croissance démographique continue », « une expansion urbaine accélérée », « des dérèglements climatiques » et « un stress hydrique latent ». Pour les experts du Groupe, « certains non-choix actuels auront des conséquences irréversibles pour l’agriculture et l’alimentation des villes africaines », c’est pourquoi ils souhaitent miser sur le système agricole africain qui selon eux, « constitue une vraie force par sa résilience et offre des opportunités d’innovation ».
Leur démarche repose ainsi « sur l'alliance entre le secteur industriel, le monde de la recherche, les institutions publiques et les acteurs locaux » afin de « créer des écosystèmes capables de développer des solutions innovantes » et de « proposer de nouveaux modèles agricoles résilients, durables et adaptés aux différents territoires africains et à leurs spécificités ». Ils comptent parmi leurs partenaires les principales institutions publiques telles que la Banque mondiale, le Fonds international de développement agricole (organe onusien), la BAD ou encore la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest, mais aussi des acteurs locaux et des grands groupes industriels, notamment ceux de la grande distribution ou encore du secteur de l’énergie et des infrastructures, très présents en Afrique.
Le secteur agricole et l’agribusiness représentent des leviers capitaux pour accélérer le développement en Afrique et ainsi, assurer une sécurité alimentaire. Malgré d’abondantes ressources, le continent continue d’importer des milliards de dollars de denrées transformées et raffinées. Des politiques adaptées pourraient cependant permettre de soutenir la transformation de l’économie agricole du continent et d’apporter un soutien financier notamment auprès des start-up, éléments essentiels au développement de nouvelles innovations technologiques.
Contacter Rania Khedhir, Senior Consultant en charge des recrutements en Agribusiness pour Morgan Philips Executive Search, Africa & Middle-East.
Sitographie :
Pour plus d’informations sur le projet « Neofarming Africa », consultez le site officiel.
- « Ces startups africaines qui innovent », par Emmanuelle Bastide, La Tribune Afrique, Série-Web, articles disponibles ici.
- « Les nouveaux métiers autour de l’agriculture en Afrique », Rfi, publié le 11/05/2021 à 12h10, disponible ici.
- « Neofarming Africa », Groupe Zebra, disponible ici.
- « [Tribune] Agribusiness : l’impératif du « made in Africa » », par Rabah Arezki, Jeune Afrique, publié le 22/12/2020 à 16h46, disponible ici.
- « [Tribune] L’agriculture et l’alimentation, clés de la relance post-Covid au Maghreb et au Moyen-Orient », par Mohamed Sadiki et Placido Plaza, Jeune Afrique, publié le 13/04/2021 à 14h29, disponible ici.